(article de Mokhtar Grioute, paru dans le quotidien marocain LE MATIN le 23 mai 2017, lematin.ma)
Ayant réuni près de 400 participants en provenance de 21 pays, le Forum international de l’économie sociale et solidaire, dont les travaux prennent fin aujourd’hui à Marrakech, aura permis de mettre en évidence l’importance de cette économie et la nécessité de la développer à travers des formations universitaires dédiées.
Le Forum international de l’économie sociale et solidaire (ESS), dont les travaux prennent fin aujourd’hui à Marrakech, a clairement démontré la grande importance de l’ESS en tant que secteur porteur et en pleine croissance, ainsi qu’une filière plus éthique, plus écologique et à visage humain. Placé sous le signe «Engagement, citoyenneté et développement : comment former à l’économie sociale et solidaire ?» cet événement d’envergure de trois jours est un projet issu d’une coopération franco-marocaine fructueuse entre l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (UCAM) et celle de Haute-Alsace de Mulhouse. Il est également le fruit de la rencontre de plusieurs chercheurs et acteurs issus du Réseau interuniversitaire de l’ESS, du Réseau de recherche-développement durable et lien social et des Réseaux marocain et africain de l’ESS.
Selon ses initiateurs, cette rencontre internationale, qui réunit quelque 400 participants en provenance de 21 pays, notamment du Maroc, d’Afrique et de France, a pour ambition de donner une forte impulsion aux dynamiques de coopération entre les acteurs du monde socioéconomique de l’ESS ayant des attentes en termes de professionnalisation et de développement territorial solidaire, ainsi qu’entre des universités offrant des formations à vocation professionnelle dans l’ESS. Cette plateforme multi-acteurs a aussi permis à des universitaires et des étudiants d’échanger et de débattre de la formation et de la recherche-action en ESS dans une perspective internationale. Les différents intervenants se sont ainsi évertués à faire connaître ce champ d’activité porteur d’avenir pour l’économie et ses énormes potentialités comme levier pour un développement soutenable. À leurs yeux, l’ESS ouvre sur des innovations sociales et des alternatives socioéconomiques et écologiques qui reposent sur les valeurs de citoyenneté et des pratiques solidaires. Modèle économiquement et socialement efficace, l’ESS apporte des innovations sociales dans tous les secteurs de la vie quotidienne et sa grande force réside sans conteste dans sa capacité à réinterroger l’économie et à montrer que l’on peut entreprendre autrement, ont-ils fait observer. Les conférenciers ont également relevé que l’économie sociale et solidaire est appelée à prendre plus d’ampleur dans les prochaines années dans la mesure où elle a réussi à proposer des solutions plus efficaces à l’économie «conventionnelle» dans de nombreux domaines. Mettant le focus sur la question de la formation dans l’ESS, ils ont souligné la nécessité notamment de mettre en place des formations concrètes et adaptées associant les universités et les acteurs socioéconomiques, sans occulter la dimension citoyenne, et de soutenir la professionnalisation de l’encadrement de projets collectifs porteurs de solidarités à l’échelle des territoires.
L’originalité de ce forum réside à la fois dans le regroupement des universités et de tous les réseaux opérant dans le domaine de l’ESS ainsi que dans la pertinence de sa thématique, a confié au journal «Le Matin» le vice-doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’UCAM, Sidi Mohamed Rigar. La formation revêt une importance particulière dans la mesure où aujourd’hui «la notion de l’ESS n’est pas encore très claire», a-t-il dit, mettant à cet égard en évidence les relations de coopération qui unissent les Universités Cadi Ayyad et Haute-Alsace. Cette coopération exemplaire et de longue date avait abouti notamment à la mise en place au sein de l’UCAM d’un Master en ESS sanctionné par une double diplomation, a fait savoir M. Rigar. Dans le même ordre d’idées, la vice-présidente de l’Université Haute-Alsace, Josiane Stoessel-Ritz, a signalé que ce Master intitulé «Ingénierie de projets en économie sociale et solidaire» est une formation forcément ouverte vers l’apprentissage en stages et aussi vers des projets d’innovation sociale pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Il nous paraît important aujourd’hui de décloisonner ces réseaux d’ESS pour qu’ils prennent conscience de leur grande importance et de leurs capacités, a-t-elle dit, faisant remarquer que l’économie sociale et solidaire représente 11% des emplois en France. Pour meubler ce forum solidaire qui décloisonne les universités et les territoires, les organisateurs ont concocté une programmation aussi riche que variée comportant, entre autres, conférences, tables rondes, débats, témoignages, stands et expositions. L’événement a également été diffusé en direct par la radio mulhousienne «MNE».
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