Mulhouse Art contemporain /// Le SMS sort les artistes du bois
Comment produire un écosystème favorable au développement de la création artistique contemporaine ? L’association Old School, animée par l’agitateur culturel Jean-Luc Wertenschlag, et sa boutique La Vitrine apportent à ce casse-tête une réponse originale inédite en Alsace. Elles ont lancé en décembre une petite sœur aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne.
Remplacez les producteurs de légumes ou fromages par des artistes et vous aurez le SMS ou Système mulhousien de surprises. Soit « une soixantaine de créateurs poursuivant une recherche artistique propre, sélectionnés par un comité artistique », précisent Luana et Élise, d’Old School. « Nous reprenons l’esprit des Amap, pour contribuer à faire vivre et connaître les artistes de la région ».
« Quand je vois cette multitude de talents sur Mulhouse… »
Pour entrer dans le réseau, il faut souscrire un abonnement annuel. Trois formules s’offrent au protecteur des arts et des lettres qui sommeille en vous : le Panier des curieux (40 €), le Panier des passionnés (70 €), le Panier des accros (100 €), distribués chaque mois à La Vitrine lors d’une rencontre apéro avec le –ou les– artiste(s) contributeurs auxquels 70 % de la somme est reversée.
En décembre, les abonnés ont eu le droit à plusieurs petites créations : « Des couverts du souffleur de verre Sébastien Garrigue, un tableau de Pierre Fraenkel, une mine de verre (sorte de boule fabriquée avec des éclats de verre) de Marina Kruger. »
« Quand je vois cette multitude de talents sur Mulhouse, je dis qu’il faut qu’on réussisse à avancer, que les créateurs puissent vivre de leur art », s’enthousiasme Jean-Luc Wertenschlag, qui s’est fixé comme objectif de transformer la créativité locale « en réalité économique » capable de marcher toute seule sur ses quatre pattes.
Encore confidentiel
La plasticienne et designer textile de l’Atelier d’art mobile, Muriel Hasse-Collin, a réalisé le panier de janvier, une série de trois collages pour le panier à 70, et une horloge murale pour le 100. « Je trouve le principe génial, dit-elle, j’ai travaillé seule et c’est un coup de pouce financier. Quand c’est un mix entre plusieurs créateurs, c’est une carte de visite. »
Au-delà de l’aspect financier, le SMS est pour elle « une opportunité de rencontrer d’autres créateurs tous les deuxièmes jeudis du mois lors de l’apéro des créateurs, de prendre connaissance de leur travail et de nouer des relations ».
Un mois et demi après sa naissance, le SMS reste encore confidentiel, avec dix abonnés. Old School espère élargir le réseau tout en lui conservant une dimension adaptée à des productions artistiques faites main en séries limitées.
Outre les paniers mensuels, le SMS conçoit des paniers de fête. Il y a eu Noël et ses cadeaux tendance rock culture (un bijou textile de Virginie Fuchs, des textes de Philippe Manœuvre illustrés par Marie Meyer, les chroniques Rock’n’Sex de la Mulhousienne Lucie Lux, le livre Funky Boy d’Yves Tenret, professeur au Quai, édité par Médiapop (Novo) à Mulhouse, un CD du label strasbourgeois Erzfeld, et une série de cartes postales singulières sur Mulhouse confiée à des photographes locaux par l’association du Temple Saint-Etienne. Le prochain panier festif proposera à d’autres créateurs de décliner la Saint-Valentin. Le SMS ou l’amour de l’art.
En savoir plus : La Vitrine 53, avenue Kennedy. ✆ 03 89 33 11 11 ; danslavitrine.com
par GREGOIRE GAUCHET
(article publié le 19/01/2013 dans les DNA • www.dna.fr)
Un panier de janvier du Système mulhousien de surprises remis à une abonnée par l’artiste Muriel Hasse-Collin. photo Cathy KOHLER
Comments