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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

Les livres vivants invitent au voyage

(article paru le 26/10/2012 dans le quotidien régional L’Alsace • par Olivier Chapelle • www.lalsace.fr)

La bibliothèque de Mulhouse et l’association Old School proposent, dans le cadre de la manifestation « Tout Mulhouse lit », d’emprunter des livres vivants, c’est-à-dire des personnes prêtes à raconter leur histoire personnelle, sur le thème du voyage.

Une expérience intéressante sera menée ce week-end à la bibliothèque Grand-Rue : les visiteurs seront invités à emprunter, pour une demi-heure maximum, des êtres humains baptisés « livres vivants ». C’est dans le cadre de la manifestation Tout Mulhouse lit et en partenariat avec l’association Old School qu’une quinzaine de personnes de la région (voir encadré) se livreront à cet exercice périlleux : raconter leurs histoires personnelles de voyages et en discuter avec leurs « emprunteurs ».

« Quand on me l’a proposé, j’ai tout de suite trouvé ça génial, vraiment intéressant, raconte Sophie Porté, cobaye volontaire de l’opération. Un livre, ça t’emporte, ça t’emmène loin ailleurs. Ajouter la dimension humaine, un côté charnel, émotionnel, je trouve ça d’enfer ! »

Sophie Porté, qui a choisi de vivre dans une roulotte, à la campagne, à quelques encablures de Mulhouse, sait déjà quelle philosophie elle va tenter de faire passer à ses lecteurs. « Le fond de ce que j’ai à dire, c’est qu’il n’y a pas de limite à vivre libre, qu’on a toujours le choix de sa vie. Dans mon appartement à roulettes, je suis heureuse comme une petite fleur, même s’il y a aussi des jours qui sont durs. Ce n’est pas le mode de vie le plus facile, mais c’est le plus libre. Je n’ai pas l’eau courante, par exemple. Il y a toujours des contraintes, mais elles sont plus faciles à accepter quand c’est toi-même qui les choisis. »

Les profils des livres vivants retenus et de leurs histoires sont variés à souhait. Du drame humanitaire du Kosovo à l’audace entrepreneuriale d’un réfugié nigérian à Mulhouse, d’un délire martien à une plongée vers la Hongrie du XIX e siècle, les thèmes seront aussi nombreux que les livres. Comme dans toute bonne bibliothèque…

Parmi les livres vivants que l’on pourra emprunter ce week-end, la Mulhousienne Sophie Porté racontera pourquoi elle a choisi de vivre dans une roulotte, dans la campagne, pour se choisir elle-même ses contraintes et assumer pleinement sa liberté.

Un catalogue de témoignages humains

Voici la liste des livres vivants que l’on pourra emprunter ce week-end à la bibliothèque Grand-Rue de Mulhouse.

Martine Meyer part à Puebla, au Mexique et participe à un projet de tourisme solidaire. Elle s’immerge dans la vie des communautés indiennes pour arriver jusqu’aux zapatistes (samedi de 14 h à 18 h).

Adrian Rodríguez Mesa est un journaliste colombien qui a vécu plusieurs années sans titre de séjour en Espagne avant de venir à Mulhouse (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Jacques Lindecker a vécu l’aventure maritime d’un voyage en porte-conteneurs.

Chika Chidi quitte le Nigeria en urgence, pour sauver sa peau, alors qu’il est étudiant. Arrivé en Alsace il y a une dizaine d’années, il devient maçon avant de créer sa marque de vêtements (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Catherine Keller voyage à travers son corps, un chemin de la violence à la créativité (samedi de 14 h à 18 h et dimanche de 15 h à 18 h).

Moussa Sy est un militant culturel sénégalais qui veut construire des ponts autour de la place Franklin (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Christine Richert, dans le cadre de son métier d’enseignante, a accompagné bon nombre de jeunes Mulhousiens. Elle parlera de Robert, qu’elle n’oubliera jamais (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Marie-Thérèse Freiss évoquera son ancêtre, un jeune hussard hongrois qui arrive en 1816 à Bourtzwiller avec son armée et y rencontre une jeune fille de 16 ans, Catherine (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Madeleine Burnel, aujourd’hui atteinte de sclérose en plaque, est allée sur la route du Thé en tant qu’anthropologue (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Jean-François « Fanfan » Bittighoffer s’est engagé dans des ONG en tant qu’infirmier au Suriname, en Somalie et au Cambodge de 1987 à 1995 (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Denis « Sined » Scheubel, musicien, auteur, compositeur, peintre, poète, vidéaste, devrait entraîner son lecteur sur la planète Mars (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Sophie Porté a mis des roulettes à son appartement, qui l’emmène de ferme en vallée (dimanche, de 14 h à 18 h).

Raoul Bakota est un juriste parisien aux racines camerounaises parti en mission pour un orphelinat au Vietnam (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Tessa Gashi est une Albanaise du Kosovo qui a été témoin de l’épuration ethnique dans son pays (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).

Michaël « Crass » Da Silva a été tour à tour fugueur, musicien, tatoueur-perceur à Strasbourg, patron de discothèque à l’île de la Réunion, conseiller de l’hôpital Rothschild à Paris (samedi et dimanche de 14 h à 18 h).


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