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Photo du rédacteurJean-Luc Wertenschlag

This is radio MNE

RADIO STARS FROM MULHOUSE

Des traces de “radio-activité”

Il suffit de franchir la porte des studios de la Mulhouse Net Experience au 3ème étage du 53 avenue Kennedy pour comprendre qu’il se passe quelque chose d’excitant au cœur de Mulhouse. Dans les locaux de la MNE, on détecte à nouveau des traces de “radio activité”. Qu’importe si la technologie rabat-joie permet désormais de savoir précisément combien d’auditeurs sont scotchés derrière leur ordi alors qu’à l’époque bénie où les radios libres pullulaient, Fanfan, Francine, Jean-Luc et tous ceux qui faisaient vibrer les ondes mulhousiennes pouvaient rêver qu’ils s’adressaient à des milliers d’auditeurs. « Des fois on offrait de l’argent aux auditeurs… Comme personne n’appelait, on se disait bien qu’il n’y en avait peut-être pas autant que ça derrière les postes ! ». Qu’importe aussi les statistiques, les courbes d’audience et les camemberts publicitaires, ce qui compte le plus à la MNE comme à l’époque de Radio Fréquence Mulhouse, c’est l’énergie presque palpable qui flotte dans l’atmosphère du studio, la magie dans les grains de voix et l’adrénaline dans les cervelets. Il faut bien l’avouer, c’est bien plus excitant de se retrouver à plusieurs autour d’un micro pour dire des conneries que de suer seul dans son coin sur un texte pas drôle, surtout quand il fait beau dehors…

The fabulous Shoub

Tout ce préambule pour vous dire qu’un mec comme Schoub, quand il propose une émission (The mad mad world of Dj Boush) ne serait-ce que pour un seul auditeur (Jean-Luc est connecté 24h sur 24), c’est un vrai spectacle à lui tout seul. A fond les ballons, en équilibre instable sur sa chaise, prêt à cracher ses tripes dans son micro, suant comme un bœuf, Shoub n’est jamais à cours d’une anecdote improbable mais vraie (la fois où le chanteur des Albinos Monkeys s’est retrouvé à poil sur l’autoroute avec le premier manager de Bob Dylan qui le pourchassait avec son camion plein de putes mexicaines pour récupérer les démos du premier tube des Sonics enregistré sous acide dans la cave du producteur des Meteors qui revenaient d’une tournée secrète avec Elvis en Allemagne…). Défricheur frénétique et collectionneur maniaque, il est capable de traquer un pirate pendant des mois. Shoub est aussi une encyclopédie vivante du rock’n’roll en dix-huit volumes. Susceptible de vendre dix litres de son sang pour un enregistrement de trois minutes des Cramps à Colmar, Shoub est aussi un incroyable spécialiste du rock sud-américain des années 60. Dans ses émissions, il passe allègrement du premier tube de Claude François aka Kôkô (Nabout Twist) à des trucs incroyables enregistrés dans les années 50 ou 60 par des groupes péruviens dont on se demande comment ils faisaient pour être aussi bons alors que chez nous les Chaussettes Noires puaient des pieds.

Fanfan, le missionnaire de l’impossible

La MNE, c’est aussi Fanfan et Francine. Ces deux-là pourraient passer leur vie derrière un micro. Jamais blasés, ils ont tous les deux les oreilles grandes ouvertes du matin au soir. Si Francine adore faire voyager (voire planer) ses auditeurs avec des sons glanés aux quatre coins de la planète, Fanfan est plutôt partisan de la bonne grosse secousse sismique insupportable qui débouche les conduits auditifs de toute la famille et fait mal à la tête des voisins. Méga boulimique de musique bizarroïde expérimentale (plus c’est frappadingue, plus c’est drôle), il est capable de télécharger 10000 morceaux par jour pour les mettre à dispo des ses amis ! Il est surtout un magnifique “passeur” constamment sur la brèche, toujours prêt à diffuser des compiles de groupes inaudibles ou à lancer un nouveau truc pointu (un festival de concerts dans les salles de bain de ses amis ou une ascension du Markstein en dix minutes chrono). Inventeur du nom du Noumatrouff (Allez on y va !) et organisateur de concerts en appartement depuis les années soixante-dix, il est le spécialiste incontesté des soirées “post nouvel an” au cours desquelles se mélangent plusieurs générations de fêtards mulhousiens. Bien avant de le connaître, j’écoutais ses émissions “Mission Impossible” et “A Bout de nerfs” sur la FM en me demandant comment il faisait pour se passionner pour autant de trucs barrés différents. C’était l’époque où je m’enfermais dans ma chambre pour écouter religieusement les groupes du coin qu’il enregistrait en live lors de festivals post punks où se pressait toute la jeunesse rebelle mulhousienne (Au Bel-Air, à la SIM, au PAX ou à la MJC de Staffefelden…). En ce temps-là, les Snipers (from Dijon) étaient les plus grands poètes français (Je t’attendrai dans le vide-ordures / tu t’es moquée de moi c’est sûr / Je t’attendrai dans le vide-ordures / tu t’es moquée de moi c’est sûr…) et Fanfan jouait de la basse comme un new-yorkais au sein de Sound Attack avec un certain Fred Poulet…

Jean-Luc, le “Jean-François Bizot de Mulhouse”

Après l’embrasement initial (dommage de parler des radios libres à Mulhouse sans raconter Les Nuits du Loup), la NRJ, le CSA et Cie ont très vite tué les radios libres dans l’indifférence quasi générale. Fin de l’histoire ? Non ! Grâce au Net il est à nouveau possible de s’emparer du micro pour sortir des sentiers publicitaires. On peut enfin réécouter autre chose que de la daube formatée par des directeurs du marketing cocaïnomanes. Samedi après samedi, Fanfan va profiter de son émission (Le Stammala) pour inviter tout ce que Mulhouse compte comme activistes motivés pour parler avec eux de leurs projets sans jamais se prendre au sérieux. Quant à Jean-Luc, le “Jean-François Bizot de Mulhouse” jamais aussi bon que quand il s’agit de mettre en branle son armée mexicaine de stagiaires surdiplômés, de dessinateurs décapants, de noctambules fatigués, de rockers nostalgiques, de conteurs ruraux, de slameurs urbains et de MC universitaires grévistes, on compte sur lui pour monter plein d’autres radios (écoutez son interview par Jean-Damien Collin et Valérie Perrin sur www.wne.fr/archive) dès qu’il se sera lassé de la MNE et peut-être même un jour une télé (pour les enfants ?).

Philippe Manœuvre sans frein dans la descente du Rebberg !

Au final, qu’importe le nombre d’auditeurs. Avec quelques micros et des pointures comme Charly derrière la console, il est à nouveau envisageable de bouger les lignes, de faire éclore de nouveaux projets et de mettre du fun dans la vie d’auditeurs rongés par la morosité ambiante. Avec la MNE, le DIY (Do It Yourself) est de retour à Mulhouse. Nul doute que grâce aux Podcasts de leurs émissions, Shoub sera un jour aussi célèbre que Lester Bangs et que le monde entier saura bientôt que Fanfan est un animateur de radio bien plus speed et plus drôle qu’un Philippe Manœuvre lâché sur un VTT sans frein dans la descente du Rebberg !

Le site officiel de radio MNE – Mulhouse Net Experience : radiomne.com

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dessin de Joan


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