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Concert à guichet fermé

Le festival des Eurockéennes a débuté, hier, à la maison d’arrêt de Belfort. Le groupe « La Vieille École » s’est produit en début d’après-midi devant des détenus… déchaînés.

C’est le dernier morceau. Le chanteur prévient son public : ce coup-ci, il faut danser. Certains hésitent, se mettent debout contre le mur, mais déjà deux, parmi les plus jeunes, sont sur la piste, au milieu du groupe. La musique de « La Vieille École » fait le reste : le hip-hop, mâtiné de raï, reggae, funk ou salsa, a un effet dopant évident : une dizaine de jeunes hommes rentrent dans la danse. Certains forcent un peu le trait pour faire rigoler les autres, ils improvisent une sorte de ronde, bras dessus, bras dessous. Bref, ils font les zouaves comme des milliers d’autres sur le site du Malsaucy. Seule différence, mais de taille, ces quelque trente jeunes-là ne craignent pas la pluie : ils sont détenus à la maison d’arrêt de Belfort et leur festival a lieu dans la salle de ping-pong de la prison, sous le regard des surveillants. Partenariat avec Territoire de Musiques

C’est devenu une tradition : depuis trois ans, l’administration pénitentiaire en partenariat avec l’association Territoire de Musiques organisent, chaque année, un concert dans le cadre des Eurockéennes. Le premier concert du festival en fait. Pour l’édition 2003 c’est le groupe mulhousien « La Vieille École », programmé le jour même sur la scène de la Plage au Malsaucy, qui a accepté de venir se produire à la maison d’arrêt. Un accord « qui allait de soi » pour les musiciens du groupe qui ont déjà donné un concert à la prison de Mulhouse. Une programmation judicieuse en tout cas : le style et la musique de « La Vieille École » ont emballé les détenus.

« Ça nous fait bouger »

Sagement assis sur leurs chaises, en début de concert, les détenus ont finalement cédé aux sons du djembé et au peps communicatif des musiciens. « C’était super, franchement c’est un bon groupe », résume un jeune homme. « Oui, et puis ça change, ça nous fait bouger, parce qu’en cellule il n’y a pas grand-chose à faire », rajoute un autre. « C’est vrai, on est là parce qu’on est puni pour ce qu’on a fait mais ça fait plaisir de voir que certains ne nous oublient pas », continue un troisième. L’un deux s’empare du micro du chanteur : « Je sors demain!», hurle-t-il, hilare. Les détenus se pressent devant les musiciens pour leur serrer la main « Toi, lance le chanteur à un jeune homme. La prochaine fois, je veux te voir dehors. » À l’autre bout de la salle, un détenu essaye d’attendrir le directeur de la prison qui tient en main les deux CD que le groupe laisse à la maison d’arrêt : il en voudrait un tout de suite. « La Vieille École » a gagné un fan.

Céline Mazeau


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Concert derrière les barreaux pour La Vieille École, hier.


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