Keven Swift picaresque
Le premier disque de Keven Swift Widrig, chanteur folk colmaro-canadien, est paru, édité par le label mulhousien Old School.
Il fallait bien l’enthousiasme de quelques inconditionnels de Hiéro pour que sorte l’opus, enregistré en 2002 au lieu-dit Kirchberg avec son fils Félix. Des bandes perdues retrouvées miraculeusement en quelque sorte. D’autant que depuis, Keven Swift Widrig a cessé de jouer et de chanter. Pour la soirée de lancement du disque, chez Peter, troquet du quartier St-Joseph où il vit, Keven, 47 ans, mèche rebelle et faux -air de David Lynch, s’est bien essayé au périlleux exercice du bras de fer. Mais monter sur une scène avec sa guitare, c’est fini, affirme-t-il avec une conviction aussi solide que celle qu’il lui a fallu lorsqu’il a tué un grizzli à la winchester. C’est tout au moins ce que rapporte ce voyageur d’un séjour au Yukon, au sein de la tribu des indiens Kaska. Né en Nouvelle-Ecosse, à Lockeport, Keven Swift Widrig – il dit être un descendant de Jonathan Swift, papa de Gulliver – est un jour arrivé à Colmar en passant par les Vosges, il y a quatorze ans précisément. Le chanteur, auteur et compositeur y a travaillé avec la Cie Pandora, et y a même donné des concerts. The Colour of the little red schoolhouse – La couleur de la petite école rouge -, titre de l’opus, se réfère à une blague d’enfant du type quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV, mais version canadienne. « Savoir répondre à cette question, c’est la base », résume Keven Swift. Ses 14 chansons en anglais vont chercher du côté des Dylan, Cohen et autres Donovan. Ses balades sont des petites tranches de vie aussi poétiques que dissonantes. On y entend les cloches de St-Joseph, il habite dans une ancienne pharmacie, juste en face de l’église colmarienne. Tel Don Quichotte dressé sur Rossinante, Keven Swift Widrig suit des chemins qui peuvent sembler hermétiques, qui lui ont valu des séjours à l’hôpital psychiatrique de Rouffach. Le mal du pays ne le quitte pas, mais quel pays, il serait bien en peine de le dire. Ce n’est en tout cas pas le Canada, pays des porcs-épics, des homards et des chanterelles. En attendant de « raccrocher le fruit sur son arbre », Keven Swift écrit. Son manuscrit a déjà un nom, God and the tourist industry.
Myriam Ait-Sidhoum
www.myspace.com/kevenswift. The Colour of the little red schollhouse, en vente dans les Fnac et sur www.hiero.fr
Keven Swift Widrig. (Photo DNA-Michel Petry)
© Dernières Nouvelles D’alsace, Samedi 14 Juillet 2007
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