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L'imagination sans entraves

Article paru dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace le jeudi 30 avril 2009

Depuis 150 ans, la société est strictement surveillée. Tout acte de création est contrôlé. Ne reste plus plus qu’un petit groupe d’artistes de la Planète U-Bic, bien décidé à faire de la résistance. Il s’agit bien sûr de science-fiction. La pièce « Mange et tais toi » est à voir en répétition ce soir aux Tanzmatten de Sélestat avant sa présentation le 7 mai à Ostwald, lors du festival Paroles.

Pour une fois, la scène ne décrit rien d’autre que ce qu’elle est : l’endroit où se présentent les artistes au public. Les spectateurs se trouvent ainsi face aux illustres représentants du dernier endroit où l’on s’amuse en 2157. « L’art a été banni », explique Fayssal Benbahmed, le metteur en scène par le pouvoir Statik qui a pris le contrôle de la planète U6 il y a plus de 100 ans. Reste juste ce cabaret très officiel qui présente un spectacle au contenu validé par les autorités. Ni plus ni moins qu’un zoo où rien ne choque, ne blesse ou ne fait appel à l’intelligence. Tout se passe pour le mieux dans le pire des mondes. Jusqu’au jour où les participants à ce cabaret décident de ne plus suivre le programme établi et d’improviser. Tel est le sujet de « Mange et tais-toi », première création de Planète U-Bic, troupe strasbourgeoise créée autour de Lucie Rivaillé, alias U-Bic, poète d’obédience slam. « Chacun a décidé de son personnage, précise-t-elle. La première règle pour nous était de réaliser son fantasme. » Ainsi Pierre Charby devient Mister Pexer, « illusioniste déchu qui rêve secrètement de renverser le monde par ses tours de magie et son ukulélé ». Annabelle Galland, Lala-the-K, née en Transylvanie, « est mythomane, naïve et joviale », qui fait tout pour plaire « quitte à peindre sa contrebasse en rose ». Bastiaan Sluis est King « ancien gangster », qui frappe sa batterie avec rage plutôt que parler de ce qu’il a vu et vécu. Et donc U-Bic « aussi instable que de la dynamite, mais ça ne se voit pas ». « Ce spectacle se définit par ce qu’il n’est pas, prévient Fayssal Benbahmed. Ce n’est pas du théâtre. Ce n’est pas une comédie musicale. Ce n’est pas du slam. Ce n’est pas un concert. Mais c’est tout cela en même temps. » « Mange et tais-toi » se veut interactif, militant « mais pas politisé ». Il propose avant tout une réflexion sur la place de l’artiste et du public dans la société. Avant qu’il ne soit trop tard.

Jeudi 30 avril. A 20 h, répétition publique aux Tanzmatten à Sélestat. Entrée libre. Jeudi 7 mai, à 20 h 30, au Point d’Eau à Ostwald, dans le cadre du festival Paroles.




Dans « Mange et tais-toi », la planète U-Bic transporte le public dans un futur où tout est interdit, surveillé, contrôlé. Jusqu’au jour où… (Photo DNA – Franck Delhomme)


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