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La musique entre les murs
Article paru dans le Journal L’Alsace le 21 juin 2000 __La prison aussi fête la musique. A la maison d’arrêt de Mulhouse, la pratique musicale sert surtout d’outil pédagogique. __
LES RIVERAINS de la maison d’arrêt de Mulhouse ont dû se demander d’où venaient ces basses. Samedi dernier, à l’initiative du Génepi, le groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées, La Vieille Ecole a donné un concert dans la cour de la prison (lire ci-dessous).
Hier, c’était au tour de la chanteuse country Liane Edwards – une habituée de la prison puisqu’elle s’est déjà produite de nombreuses fois – de chanter dans le quartier des femmes. Avant de récidiver dans le quartier Dreyfus (du nom de la rue qui le borde à l’extérieur) demain. La fête de la musique n’est pas une première à la maison d’arrêt de Mulhouse : le rendez-vous existe depuis quelques années déjà. Avec un calendrier un peu différent de l’extérieur. Ce n’est d’ailleurs pas le seul moment où la musique passe les barreaux.
Un concert par trimestre
« On essaie de proposer un concert par trimestre », précise Jean-Louis Esteva, conseiller d’insertion et de probation au sein du service pénitentiaire du même nom, qui gère l’ensemble des activités culturelles à la maison d’arrêt. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, les artistes acceptent très souvent de jouer pour les détenus. Et ce en dépit de conditions drastiques pour faire entrer le matériel de sonorisation par exemple. « La musique est entrée en prison dans les années 70, rappelle Jean-Louis Esteva. Moustaki, Lambert, Sapho sont venus à Mulhouse. Depuis cinq ans, nous sommes démarchés par un groupe par mois ou presque ». « Pour certains, il s’agit d’un acte social : ils ont envie d’apporter la musique en prison. Il est fréquent de voir les groupes organiser de véritables tournées en détention. Pour d’autres, la démarche est plus commerciale ». Comment se fait le choix ? « Nous évitons les groupes qui font du prosélytisme, comme les évangélistes, la secte Moon – nous avons eu une demande. Evidemment, les groupes dont un membre a un casier judiciaire n’entrent pas. Quand on ne connaît pas le groupe, on passe un coup de fil aux autres établissements pénitentiaires pour se renseigner, savoir comment ça s’est passé. Enfin, il est évident que le groupe qui se met à hurler nique la police ne reviendra pas. On est dans une enceinte du ministère de la Justice quand même ».
ANNE SCHURRER
La Vieille Ecole, invitée par le Génepi et la maison d’arrêt de Mulhouse, s’est produite samedi, à l’occasion d’une fête de la musique précoce, dans la cour de la prison.
DAREK SZUSTER
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