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Quand Mulhouse joue collectif

Depuis 2005, la cité du Bollwerk a vu naître de nombreuses associations, agences ou collectifs culturels. Tous tentent, avec des moyens souvent modestes, de faire émerger les talents locaux. Une action qui permet aussi de faire bouger la ville.

Ce n’est peut-être qu’un frémissement, mais il est perceptible. Depuis deux ans environ, Mulhouse a vu naître nombre d’associations, collectifs ou agences de promotion. Leurs noms ? Contigo cultural, La Fibre Unitive, New Nabab, Old School, Rue des Verriers, etc. Leurs principaux domaines d’action : la musique, les arts plastiques et/ou l’organisation d’événements culturels à Mulhouse.

Ne pas céder à la morosité

La plupart de ces associations rassemblent des Mulhousiens qui apprécient leur ville — ce qui n’est pas si courant — ou qui, tout au moins, y vivent et refusent de céder à la sinistrose. Face à une municipalité au mieux indifférente à leurs initiatives, la plupart ont opté pour le do it yourself (fait maison). Le travail en réseau, les partenariats multiples, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication et surtout une forte motivation compensent généralement le manque de moyens financiers. Bien sûr, les concerts, expositions ou rencontres proposés par ces collectifs ou associations n’attirent pas forcément les foules et l’écho médiatique est souvent atténué. Mais si les fortunes sont diverses, la volonté est là. Et ces actions de promotion artistiques permettent aussi de dynamiser une vie culturelle locale souvent victime de la frilosité du public et de la Ville. À cette dernière, les associations demandent d’ailleurs davantage un surcroît de liberté qu’une rallonge budgétaire… Gros plan sur quelques-uns de ces activistes culturels mulhousiens.

Old school

Créée en 2000, Old school, d’abord association support du groupe La Vieille École, est aujourd’hui une agence d’accompagnement des groupes haut-rhinois DIVAS, Sons des Disco, La Vieille École et SINED. « Face aux nombreuses sollicitations des groupes locaux, on s’est aperçu qu’il était à la fois difficile de ne pas y répondre et tout aussi difficile d’y répondre à 100 %. On a donc décidé de sélectionner des groupes avec lesquels travailler », explique Jean-Luc Wertenschlag, président de cette association qui compte deux salariés, Isabelle Sire et Franck Richard. L’appui d’Old School, association « coup de pouce », peut prendre différentes formes : aide au pressage de CD, à la création d’un site internet, à la réalisation d’affiches ou à la co-organisation de formations, etc. « L’idée est d’être un marchepied, un tremplin pour permettre aux artistes d’accéder à la reconnaissance. Pour que ça marche, il faut d’abord du talent, de la motivation et de la persévérance ; un environnement favorable et des gens qui s’occupent du développement et de l’accompagnement des artistes. Seul, on n’arrive à rien. » Old School travaille en partenariat avec le Noumatrouff, Hiéro Colmar, le label colmarien Parklife records, New Nabab, etc. La semaine prochaine, l’association sera présente au Printemps de Bourges pour promouvoir les groupes alsaciens.

CONTACTER www.old-school.fr

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La Vieille École était à l’affiche de la soirée de lancement de l’association Old School. Archives Dom Poirier

Corporation contigo cultural

Le collectif s’est créé autour de Michel Canton et de Gilles Baum avec l’envie de proposer des soirées qui mélangent les genres et les publics. Historiquement lié au Collectif du 21 avril puis aux festivités de « L’Arsenal fait sa loi », le collectif s’est donné pour but de promouvoir des artistes, musiciens et plasticiens (The Uncut experience, Parano, DIVAS, Clumsy, Hugues Baum, Cedric Geney et JB Peter notamment) et d’organiser la rencontre entre ces artistes et le public. Ses partenaires sont, entre autres, CobWeb, Old school, le Noumatrouff, la Rue des Verriers, etc. On doit au collectif l’organisation, en mai 2005, d’Elephonic, festival consacré au « bruit utile et nécessaire en ville ». Un petit pied de nez à la Ville, alors engagée dans une politique martiale à l’endroit des cafés et terrasses de la ville. « Le projet tombait à pic, on sentait qu’il y avait une vraie envie », se souvient Gilles Baum. Depuis, il y a eu les travaux du tram, « ce chantier permanent qui a peut-être aussi permis de travailler les esprits : la ville est plus belle, plus sympa. On est sorti un peu de la sinistrose ». Aujourd’hui, Elephonic 2 se prépare avec la volonté de « participer à l’amélioration de la ville, de travailler sur le bruit et sur les déplacements » et le souhait de voir la ville « lâcher la bride et laisser vivre les initiatives ».

CONTACTER contigo.cultural.free.fr

Rue des Verriers

En 2005, une poignée d’artistes décide de monter une association, La Rue des Verriers, et de louer, à plusieurs, un local pour travailler. Cet atelier, baptisé L’État des lieux, accueille aujourd’hui des musiciens, des plasticiens et des photographes. « Nous voulions un lieu d’expression pour favoriser une pratique collective, qui fonctionne sur l’émulation, le partage d’expériences, le regard extérieur », expliqueJean Wollenschneider, président de l’association. Cette initiative répondait au manque d’ateliers pour les artistes locaux. « Depuis plusieurs années, la Ville de Mulhouse a fait le choix d’une politique culturelle de standing, tournée vers l’extérieur. En conséquence, la place laissée aux artistes locaux est réduite. On sait aussi que dans les deux prochaines années, il n’y aura probablement pas de budget pour nous, artistes locaux, parce qu’il y a le tram à payer. De plus, l’Alsace est une petite région avec de multiples propositions artistiques. Beaucoup de collectifs ou d’associations ont vu le jour ces deux dernières années, mais beaucoup ont disparu. Pour durer, il faut miser sur la qualité. Seule la qualité du travail permet de marquer les esprits et de pérenniser les actions », estime Jean Wollenschneider.

CONTACTER http://etatdl.free.fr/

New Nabab

Créée début 2005, New Nabab, association de promotion et de production artistique, a commencé par s’installer sur le web. L’idée était de proposer un site interactif pour pallier le manque de moyens financiers. Les deux bénévoles qui animent l’association, Davide De Arcangelis et Gaëlle Marguier, ont pour objectif de permettre aux musiciens de se dédier à leur art en leur facilitant la tâche, notamment administrative. Ainsi, l’association rédige contrats et fiches de paie, se charge de la promotion et de la communication, s’occupe du démarchage des concerts, etc. Actuellement, « l’écurie » New Nabab — le nom est un clin d’œil aux nababs qui, à leur époque, avaient tout le temps, eux, de profiter de la musique — réunit six groupes : Sadaka, Positive Ethno jazz, Mito Loeffler quartet, Ahmed El Salam, Benoît Moerlen et Continental Circus. L’association vise « davantage la qualité que la quantité » avec, en filigrane, un objectif de professionnalisation. « Pour que ça fonctionne, il faudrait que les Mulhousiens, public et programmateurs, soient un peu moins frileux », estime Davide. Qui trouve aussi « choquant d’entendre des responsables culturels dire qu’un bon artiste ne reste pas à Mulhouse. La vraie difficulté est là. C’est très dur de tenir sur la durée quand on vous demande de faire vos preuves sans vous faire confiance. »

CONTACTER www.newnabab.com

Acoustique club

« L ’Acoustique club, c’est avant tout se faire plaisir sans se ruiner », résume Hugues Chauvin, principal animateur, avec Claire Fischer et Christophe Baldy, de l’association. Ici, pas de réelle volonté de professionnalisation, mais une envie de promouvoir des artistes pop et folk, un créneau un peu délaissé dans la cité du Bollwerk, traditionnellement plus attachée au rock sous toutes ses formes. Aujourd’hui, l’Acoustique club réunit Hugues, Rich Barnard, Bertrand Louis, August in Fall et Andy Bilinski. Une équipe constituée par le biais de rencontres et des pages myspace sur internet. Issu de l’association On the one, l’Acoustique club s’occupe surtout de programmer des concerts. À Mulhouse, ses principaux partenaires sont le Noumatrouff et le bar Les Copains d’abord. « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’associations qui se montent, mais elles ne tiennent pas sur la durée. À Mulhouse, ce qui pose problème, c’est surtout l’absence de curiosité du public », estime Hugues. L’Acoustique club en a fait les frais lors de sa dernière soirée en janvier au Noumatrouff. Elle espère bien renverser la vapeur avec la seconde, programmée fin avril.

CONTACTER http://www.myspace.com/acoustiqueclub

Anne Schurrer

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En 2005, une poignée d’artistes locaux (musiciens, plasticiens et photographes) décide de se regrouper pour louer un atelier. L’État des lieux est né. Archives Darek Szuster


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