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Le bruit positif

Le collectif d’artistes Contigo investit le quartier Pasteur de Mulhouse du 17 au 20 mai. Quatre jours de débats, spectacles, expositions pour réhabiliter le bruit et la fête.

Elephonic est né d’une rencontre entre deux groupements mulhousiens, le collectif d’artistes Contigo et l’association de hip-hop Old school et de leur envie commune de se réapproprier leur ville. Juillet 2005. Old school organise son festival annuel, l’Arsenal fait sa loi. Le principe : investir un quartier de Mulhouse pendant trois jours pour rendre le hip-hop à la rue. Sur invitation, le collectif Contigo anime l’un des lieux. Le festival lui plaît. En octobre dernier, il rappelle Old school pour lui faire part de son désir de créer son propre événement.

La musique, les pas de danse, les cris de joie sont synonymes de joie et de gaieté

Même volonté d’investir la rue, mais en poussant plus loin la réflexion citoyenne autour du sonore, du bruit. Surtout la nuit. « A Mulhouse, il n’y a que deux bars qui ferment après trois heures du matin, observe Franck Richard, responsable d’Old school. Et ils n’organisent rien, pas de concert ou d’événement un peu hors du commun. » Exceptions à la règle, deux jours par an au mois de juillet, les débits de boisson ont l’autorisation de rester ouvert plus tard. Deux jours, c’est peu, signe que la vie de nuit véhicule des a priori négatifs.

« Contigo comme nous-mêmes cherchons à redorer le blason du bruit », explique Franck. La musique, les pas de danse, les cris de joie ou les « Santé » scandés un peu fort quand la soirée est vraiment bonne ne sont rien d’autre que du bruit, mais tous synonymes de joie et de gaieté. Alors pourquoi les autorisations sont-elles si difficiles à obtenir, pourquoi les gendarmes frappent aux portes des fêtards plus que de raison ? « Les tensions et conflits se multiplient entre individus, communautés et quartiers de la ville nocturne. La ville qui dort, la ville qui travaille et la ville qui s’amuse ne font pas toujours bon ménage", écrit le sociologue Luc Gwiazdzinski, enseignant universitaire qui travaille sur les enjeux économiques du monde de la nuit.

Des tournées de nuit avec les élus pour les sensibiliser à un milieu mal connu

Luc Gwiazdzinski organise également des tournées de nuit avec des élus pour les sensibiliser à un milieu que ceux-ci connaissent mal. Il récolte des sommes d’information pour ses travaux et fait le point avec les politiques au petit matin. A Amsterdam, les habitants ont d’ailleurs élu un maire de nuit pour pallier ce problème. Mercredi, le sociologue sera présent à Mulhouse pour ouvrir le festival avec un débat citoyen sur ce thème, afin de permettre aux habitants de se réapproprier le bruit. Elephonic va donc s’employer pendant ces quatre jours à battre en brèche tous les préjugés qui entourent les bruits de la fête. Leurs moyens sont simples. L’autorisation pour tous les commerçants, principalement les bars et les restaurants, de fermer à trois heures du matin de mercredi à samedi a été obtenue. Le festival se termine samedi soir au Noumatrouff. Objectif : « construire le bruit d’une nuit multi-arts azimutée. »

C.D.

A consulter, le programme complet d’Elephonic sur http ://contigo.cultural.free.fr – Renseignements : 06 74 39 70 23.

Luc Gwiazdzinski sera présent à Mulhouse pour ouvrir le festival avec un débat citoyen afin de permettre aux habitants de se réapproprier le bruit. (Photo archives DNA)

© Dernières Nouvelles D’alsace, Lundi 15 Mai 2006


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